2014
Retournement
"Etrange
ascèse. Ecrire sans mots. Ecrire le silence, le calme, la patience. Maintenir la grande passivité. Et laisser venir en même temps les
passions, cris sauvages , forces de la profondeur "
A.Hollan
Dans
la grande solitude hivernale de l'atelier, il me fallait reconnaitre,
nommer un à un les anciens fonctionnements ,les habitudes , les
apparats :"les habits de l'empereur .... mais il est tout nu !
crie l'enfant ."
Les
besoins changent , les priorités se renouvellent différement ,et de
manière inattendue; comme le besoin de repartir chaque fois sur une
surface blanche , d'effacer l'ancien, en maintenant la conscience de le
faire tout en préservant ce qui est inscrit , dessous . Invisible
désormais.
Il
vit sa vie propre ,faisant partie et détaché de moi . Il se passe à
chaque moment du travail la nécessité d'un déblaiement , déboisement ,on
peut dire .
Travail plus exigeant , remise en question de tous les acquis.
Cependant que les aurores précédentes reviennent éclairer d'une manière ou d'une autre .
"
Préserver le désir assez pur pour n'être défait par rien." C. Bobin
La peinture devient son propre sujet . Différents plans se frôlent , se rencontrent ,s'épousent , se choquent. La lumière ,incarnée là par le blanc , se pose soudain , et s'impose parfois avec une sorte de violence comme un grand oiseau blanc . Besoin d'inscrire la transcendance par le rectangne blanc. Comme dans ces abbayes cisterciennes où la lumière extérieure se réléchit par un jeu d'étroites percées murales et vient éblouir l'obscurité.
Encore une fois dans le silence de l'atelier : je me retrouve là ,dans la simplification des représentations extérieures ,sensorielles , visuelles. Retrouver une simplicité conquise sous les apparences du compliqué. . Ombre et lumière .
"Dans les traditions taoïstes , le chemin du sage est celui qui se dessine à la limite de l'ombre et de la lumière " (F. Cheng)
Ce besoin de "mettre de l'ordre" là où tout est flou . Comme malade d'un chaos intérieur. redonner du sens . même imperceptible . Ces signaux ,appels , ou explorations inconnus de moi même, , ces indécisions enfin heureuses , trouées de blancheur ,phares intérieurs , inspiration de légereté fragile , douceur retrouvée d'une source de douceur , celle que je n'osais pas aller rencontrer en peinture.
Ce
travail est non stabilisé. Une avidité reste sous- jacente par le
biais du "moi" qui cherche à s'emparer de tout ce qui pourrait le faire
mettre en évidence .
Recherche de l'équilibre dans le déséquilibre .
Cela reste une constante : concilier le méditatif avec le spontané .
Laisser émerger les crêtes du spontané à la surface du méditatif .
La profondeur de l'oçéan se donne t'elle assez à deviner sous la surface ?
Je découvre avec bonheur " Plein est vide . vide est Plein"
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2015
L'expérience se poursuit dans le cheminement .
Je me sens profondément imbriquée en elle , au point de ne plus pouvoir courir après un but extérieur à moi-même.
C'est un voyage intérieur et transformant .Peindre est un acte essentiellement poétique .
Je voudrais même y ajouter le terme de " thérapeutique" dans son sens premier:
"Prendre Soin de l'Etre"
Echelle de Jacob ( Printemps)
Une approche de la lumière .